Le jeu, catalyseur de liens

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Le jeu, catalyseur de liens

Jouer fait-il de nous de meilleurs animaux sociaux? La recherche montre que oui.

Jouer augmente notre capacité à créer des liens

VRAI

Une étude parue en 2019, menée sur des enfants à l’école primaire et des étudiants lors des premières années d’université, montre que l’utilisation de jeux éducatifs et collaboratifs permet de développer des compétences transversales. La pratique du jeu à l’école «facilite le travail d’équipe», explique Léa Martinez, docteure en psychologie cognitive et cheffe de projet chez Asmodee, éditeur phare de jeux en France. «On constate aussi que jouer améliore la capacité à collaborer et à développer des relations sociales, ce qui est mesuré par la propension à adresser la parole à davantage de personnes, par exemple. Enfin, on observe que le jeu facilite le maintien des relations –les joueurs sont plus attentifs à ne pas brusquer l’autre– et la régulation des émotions», complète Léa Martinez. 

FAUX

D’autres chercheurs pointent cependant le fait que le jeu est une pratique socialement ancrée et que ses bénéfices dans le domaine de l’éducation peuvent varier, car tout le monde n’a pas la même connaissance de la culture du jeu. Aussi, «créer, adapter ou utiliser un jeu de société en classe, aussi pertinente et légitime que soit l’approche, présente toujours le risque d’ajouter une couche de complexité à l’enseignement visé par des mécaniques, des règles, des univers que les élèves ne maîtrisent pas tous ni de la même façon», mettent en garde les chercheurs Vincent Berry et Samuel Coavoux dans un article de 2021.

Jouer peut aider à réduire l’anxiété

VRAI

Une étude pionnière menée à l’Université de Lausanne (UNIL) en collaboration avec le CHUV montre que le jeu de rôle sur table peut aider à réduire l’anxiété sociale et l’engagement excessif dans les jeux de rôle en ligne! Ce travail a été conduit par Joël Billieux, professeur associé de psychologie clinique, et Jonathan Bloch, chargé de recherche, deux chercheurs de l’Institut de psycho-logie (Faculté des sciences sociales et politiques), et présenté cette année en avant-première au Festival international des jeux à Cannes. L’expérience a consisté à exposer des personnes par groupes de cinq à dix séances du jeu de rôle Donjons et Dragons. Chaque joueur a dû se créer un personnage et affronter, au fil des parties, différentes rencontres et épreuves aux difficultés croissantes. Après cette expérience, deux tiers des participants ont mieux réussi à gérer leur anxiété sociale et leur engagement dans les jeux en ligne. Pourquoi? «Pour des personnes qui souffrent d’anxiété sociale, de difficultés dans les interactions quotidiennes, qui ont de la peine à s’affirmer ou présentent une faible estime de soi, l’exposition et la confrontation à des situations sociales sont bénéfiques, la littérature scientifique l’a établi», explique Joël Billieux dans un entretien à L’Uniscope (magazine de l’UNIL) en 2023.

Jouer améliore notre capacité à nous intégrer

VRAI

Jouer à un jeu de société nécessite de la concentration, du développement de stratégie et de l’adaptabilité, autant de dispositions qui mobilisent nos fonctions exécutives. Ces processus cognitifs de haut niveau sont mis à contribution dans la planification, l’organisation, l’attention, la mémoire, la gestion du temps et de l’espace… Ils permettent de s’adapter à une situation nouvelle et sont essentiels pour le développement des enfants, en particulier celles et ceux menacés d’exclusion sociale. Une recherche menée à l’Université de Lérida (Espagne) en 2020 montre que la pratique de jeux de société mobilisant les fonctions exécutives semble bénéfique aux enfants de 8 à 12 ans à risque d’exclusion sociale. En effet, selon les hypothèses des chercheurs, «tous les jeux de société mobiliseraient en réalité des fonctions exécutives de base»