
Appel aux Églises pour un geste de solidarité en faveur d’Haïti
«Une corde à trois brins ne se rompt pas facilement» (Ecclésiaste 4,12)
Chaque année, le Jeûne fédéral nous rappelle que l’abondance n’est pas une évidence. Ce jour de reconnaissance prend ses racines dans une conscience citoyenne instituée: celle que la vie est fragile, que l’abondance est un don et que la paix est un bien précaire. Nous ne pouvons, ni individuellement ni collectivement, survivre sans entraide.
Aujourd’hui, cette conscience est parfois comme anesthésiée. L’actualité martèle les horreurs du monde, mais en les choisissant avec soin. Elles sont certes légitimes mais elles relèguent aussi au silence celles et ceux qui souffrent loin des focus médiatiques, dans des lieux où l’horreur ne fait vendre. Loin des flashs de l’info, Haïti pourtant vit une tragédie quotidienne. Les chiffres sont criants, la situation alarmante.
C’est dans ce contexte que les Églises reconnues du canton de Neuchâtel —réformée, catholique et catholique-chrétienne— s’unissent pour soutenir un projet commun, coordonné par l’EPER, au service de la sécurité alimentaire en Haïti. Il ne s’agit pas seulement de verser une aide ponctuelle, mais de renforcer durablement les capacités locales: former, équiper, structurer, et plaider pour une justice agricole et sociale.
Cette corde que nous tirons ensemble, ce fil de solidarité qui relie ici et là-bas, repose sur une conviction biblique profonde:
«Celui qui sème dans les larmes moissonnera dans l’allégresse» (Psaume 126,5).
Car semer, dans les terres ravagées d’Haïti, n’est pas un geste banal. C’est un acte de résistance et de foi, une promesse faite au futur, un refus du fatalisme. Moissonner dans l’allégresse suppose que d’autres, ailleurs, aient aussi eu le courage de croire en l’avenir et de contribuer à le rendre possible.
Dans notre tradition romande, le Jeûne fédéral se marque souvent par un moment simple mais plein de sens: un gâteau aux pruneaux partagé à la sortie du culte. C’est une douceur toute helvétique, un geste de convivialité qui vient dire que le jeûne ne mène pas au vide, mais à la rencontre. Que l’austérité peut avoir un goût de fête et de partage.
Alors que les crises mondiales se succèdent, certaines vies deviennent invisibles. L’Évangile, lui, n’a jamais considéré ces vies comme secondaires. Jésus, en lavant les pieds de ses disciples, ne regardait pas ailleurs: il s’abaissait pour rappeler que la grandeur se trouve dans le service. Notre geste à nous, même modeste, s’inscrit dans cette lignée.
Soutenir ce projet, c’est rappeler que, malgré les fractures de ce monde, «une corde à trois brins» —foi, espérance et amour— peut encore tisser du lien, semer du grain, pétrir du pain et forger la paix.
Dimanche 21 septembre 2025
Au nom des trois Églises reconnues du canton, recevez notre reconnaissance pour votre engagement solidaire.
Église catholique romaine, Romuald Babey, représentant de l’évêque; Manuela Hugonnet, déléguée à la solidarité;
Église réformée évangélique, Yves Bourquin, président Conseil synodal;
Église catholique chrétienne, Nassouh Toutoungi, curé; Marie-France Perregaux; Thomas Gyger, ancien présidente;
Église mennonite évangélique Les Bulles, Luc Ummel, ancien;
Fédération évangélique neuchâteloise, Sébastien Rollier, président;
Église orthodoxe neuchâteloise, Marius Manea, prêtre.