Dans les paroisses, on joue!

Le jeu de rôle, une mécanique utilisée aux Avançons pour découvrir le monde de la Bible. / ©iStock
i
Le jeu de rôle, une mécanique utilisée aux Avançons pour découvrir le monde de la Bible.
©iStock

Dans les paroisses, on joue!

Après-midi jass pour les aînés, soirées consacrées aux jeux d’édition pour les jeunes adultes, animation ludique alimentant une réflexion ou permettant de s’immerger dans le monde de la Bible, les jeux sont à l’agenda de nombreux lieux d’Église.

La tradition des après-midi jeux pour les seniors est établie depuis au moins quinze ans dans la paroisse réformée de Cordast, entre Fribourg et Morat. «On retrouve des habitués de la communauté, fidèles au rendez-vous, mais aussi quelques nouveaux venus curieux. Le bouche-à-oreille fonctionne bien et permet à chacun de se sentir rapidement intégré», explique Sabine Joss, travailleuse sociale. 

«On trouve un joli mélange de jeux: des classiques comme le jass, bien sûr –c’est une véritable tradition–, mais aussi des jeux de société modernes, parfois même des curiosités un peu oubliées que quelqu’un ressort d’un grenier.» Pas de catéchisme ici, mais «le jeu devient un prétexte pour se retrouver, sortir de l’isolement et vivre un moment de convivialité».

Expérimenter le monde de la Bible 

Sylvain Corbaz, pasteur aux Avançons (Bex, Gryon), dans les Alpes vaudoises, met sa passion pour le jeu de rôle au profit, principalement, de ses catéchumènes. Chaque joueur interprète un rôle dans l’un des univers imaginés par le ministre. «Cela permet d’explorer un peu les blancs du texte biblique, d’aller visiter la période biblique. L’Antiquité juive est en fait méconnue. En me basant sur mes compétences de théologien et d’historien, j’ai créé ce jeu de rôle autour du roman de Joseph», explique-t-il. «Mon but, c’est de montrer aux catéchumènes à quel point la religion jouait un rôle différent: elle avait une fonction beaucoup plus holistique.» Il donne comme exemple: «Dans les fiches de personnages, vraiment succinctes, chacun des personnages dispose d’une jauge de santé physique et d’une jauge de foi. Cette dernière montre l’inclusivité. Etre inclus ou non dans la société dépendant fortement de la foi. Par exemple, si l’on commence à tenir des propos un peu scandaleux, on risque d’être mis au ban de la société», prévient-il.

«J’ai également imaginé un jeu autour des voyages de Paul. Il s’agit alors de jouer des personnages totalement fictifs, mais qui vivent dans l’environnement biblique. Je peux leur apporter quelques connaissances des us et coutumes historiques. Ils rencontrent des personnages qui leur racontent des histoires et je leur dis alors que ça, c’est une histoire qui vient de la Bible», dévoile le pasteur. 

Créer des synergies intéressantes 

Pasteur à La Chaux-de-Fonds, Martin Nouis avait fait partie de l’équipe qui avait organisé la première enquête au temple dans le cadre du festival de jeux Ludesco. Aujourd’hui, son ministère se poursuit dans la paroisse de Môtier-Vully (FR). Finis les jeux grandeur nature, mais il continue à jouer avec ses catéchumènes et paroissiens. «Parmi les jeux qu’on a rodés depuis des années, il y a celui de la tour. Les animateurs construisent une tour avec 450 bûchettes, puis quatre équipes puisent chacune à leur tour des pièces pour construire leurs propres tours et gagner un apéro en fonction de la hauteur atteinte. Mais si la tour s’effondre, tout le monde rend tout» explique-t-il. «Cela crée des synergies intéressantes de jalousie et de compétition et évidemment, bien souvent, la tour tombe, ce qui amène à une réflexion sur les limites planétaires et surtout sur comment on trouve la force de dire stop.»

Avec les animateurs de sa paroisse, Martin Nouis tient à évaluer assez strictement les jeux qu’ils pratiquent. «Si un jeu permet de vivre un bon souvenir en Église, c’est déjà un fruit, mais un bon jeu, ça ne vaut pas toujours une bonne méditation. Je trouve qu’un catéchisme qui n’apporte pas beaucoup de contenu, ça dit aussi beaucoup d’une Église qui n’a pas beaucoup à vous apporter.»